RIVIÈRE // EP
EP release date:
09 2024
Rivière a été créé entre Brest, Santa Maria di Leuca (Pouilles) et Saigon (Vietnam), enregistré un peu partout.
Merci à tous les musiciens qui ont participé à la création de ce projet avec leur talent magnifique. Merci à François Joncour pour son écoute précieuse, ma mère pour toute sa beauté, Christophe Miossec et Marcel Kanche pour leur plume de feu, Yannig Willmann pour l’image, Pascal Collin, Maria Pia pour la Joie
Mirabelle Gilis : chant, violon, alto, claviers, composition
Bettina Kee : choeurs (1, 3)
Sarah Olivier : choeurs (3)
François Joncour : synthé modulaire, électronique, guitare (1, 4)
Gerard Black : clavier (2)
Alexis Anérilles : clavier (5)
Florian Pardigon : batterie (1, 2, 3)
Lucien Chatin : batterie (5)
Nicolas Courret : batterie (4)
Julien Lemonnier : basse (1, 2, 3)
Laurent Saligaut : basse et hapsichord (3)
Paroles :
La Prunelle de ses Yeux : Miossec
Le Bruit de l’absence : Gilis, Kanche
Rivière : Kanche
N’Oublie Pas : Gilis
La Prunelle, le Bruit de l'Absence et Rivières
Réalisation : Xavier Laporte, Mirabelle Gilis
Titres mixés par Xavier Laporte (Alter Real)
N'Oublie Pas et l'Immensità
Mixé par Thomas Poli (Impersonal Freedom)
Mastering : Anotine (Sound Love Studio)
Pour ce premier disque Solo, Mirabelle Gilis s’affranchit et voyage au-delà du souvenir et de
la mélancolie. Elle tend vers la recherche. A bien y regarder, ces cinq titres pop, orchestraux et
expérimentaux sonnent comme un éloge de la fuite, saisi à pleine main. Une fuite salvatrice,
Henri Laborit abonderait. La musicienne-compositrice notoire est ici également chanteuse et
se présente enfin au premier plan, indocile et consciente des enjeux.
Un premier album est toujours personnel. Celui-ci ne fuit pas le cliché. Il est né d’expériences
traversées, de douleurs ancrées et de plaisirs forts aussi. Il a été conçu en partie à Santa Maria
di Leuca, aux confins des Pouilles, région d ́Italie où talonner ses rêves semble permis.
Lascive, fluide, composée au violon, à l ́alto, à l’aide de synthétiseurs et d’électronique la
musique de Rivières est entièrement signée par Gilis. En ouverture constante, elle convie la
lumière du dehors à pénétrer, à imprimer le film d’une image nouvelle. Parfois plurielle.
Ainsi « La Prunelle de ses yeux », texte poignant signé Christophe Miossec, est un hommage
au féminin fort, indépendant, convoitant la libération dans un monde post #Metoo, souvent
contre vents et marrées. Pléonasme : une autre partie de ces titres est née à Brest. En miroir,
l’oxymorique « Le Bruit de l’absence », un texte de Gilis, recèle de paradoxes sensitifs. Rien
de privé, rien de vulgaire. Cette fuite est une exploration des sens et les figures de styles ont
une portée universelle (Le poids d'une absence, Le bruit de la solitude, L'odeur cherchée dans
le noir).
La route, cette musicienne baroudeuse connaît. Il fallait se renouveler. Elle a donc décidé de
naviguer. Dans « Rivières » les chœurs de femmes (Bettina Kee, Sarah Olivier) et les paroles
signée Marcel Kanche font que Mirabelle s ́épanche. Elle confie avoir voulu «(s)’adresser à
la part d’enfance qu’il y a en nous. Je voulais panser les plaies au bord de l’eau ». Écrite à
Saigon, le temps d’une autre résidence, la chanson éponyme joue avec l ́écho et la sensation
de vagues, d’ondes sur le clavier. C’est la nature même de la musicienne, qui a toujours aspiré
au mouvement, arpenté les espaces.
Cet élan se ressent d’autant plus dans « L ́Immensitá », titre instrumental pulsatile, obsédant.
Comme inspiré de l’excellent Sonars Tapes du musicien François Joncour – que l’on retrouve
sur ce projet – album auquel Gilis avait prêté ses cordes en 2021. Avec sa folle allure de bande
originale d’un cinéma pour nuits blanches, le titre fait planer l ́ombre de l’idole Warren Ellis
et une gravité de circonstance. On ne peut aimer la nature sans plonger dans un abîme de
doute face à ce que l ́homme lui inflige.
« Pardonne-moi » clôt l’EP avec ce parlé-chanté familier, prosodie galopante qui déborde du
cadre, geste félin qui attendrit pourtant. Et si la voix n’est plus qu’un souffle, qu’importe. Les
cordes vocales, suppléées par celles des instruments, nous laissent avec la danse d’un violon
et d’une guitare qui griffe la mémoire... vive. Plus que vive.
Anne Yven